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Valoriser l’agriculture : l’ambition de Roseline Drolet
Face à sa foisonnante carrière en agriculture, Roseline Drolet, productrice à la Fraisière Roseline Drolet à Saint-Augustin-de-Desmaures, a une ambition : laisser en héritage aux prochaines générations l’intérêt pour la terre. Plus qu’une carrière, l’agriculture est une passion à ses yeux. En cette journée internationale des droits des femmes, nous avons décidé de vous présenter une agricultrice dont le parcours saura en inspirer plus d’un (et plus d’une!). Portrait (et coup de cœur!) de cette femme qui a choisi la fraise depuis ses débuts.
Roseline, merci de nous accorder de ton temps pour discuter! Pour commencer, parle-nous un peu de toi. Depuis combien de temps es-tu productrice de fraises et pourquoi as-tu choisi cette carrière?
Je suis dans la production de fraises depuis 1976. Si on fait le calcul rapidement, ça fait un peu plus de 45 ans que je suis là-dedans!
Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi cette carrière. Contrairement à d’autres, je n’ai pas pris la relève de mes parents. J’ai créé mon entreprise à partir de zéro. Mais l’intérêt pour l’agriculture remonte à mon enfance.
Je suis née sur une ferme laitière, à Saint-Raymond. À cette époque, mes parents avaient aussi des cochons, des poules et on avait un immense jardin qu’on cultivait. Mon père faisait aussi de la culture maraîchère et de la pomme de terre qu’il vendait au marché. À l’époque, il faisait ce qu’on appelait « la run de lait ». On avait des clients chez qui on allait livrer des paniers toutes les semaines.
J’ai donc passé toute mon enfance et mon adolescence à la ferme. J’ai beaucoup aimé l’agriculture. J’ai ensuite étudié en agronomie. Mes parents m’ont tout à fait encouragée dans cette voie.
Ensuite, dans mes cours en agronomie, j’ai rencontré mon conjoint. On s’est mariés et on avait tous les deux comme plan de travailler en agriculture. On voulait mettre en pratique ce qu’on avait appris. C’est là qu’on a décidé d’acheter une terre en 1976.
Avez-vous toujours cultivé des fraises?
Oui, quand on a acheté la terre, c’était dans le but d’y cultiver des fraises. La terre que je possède est à mon nom. Ce n’est pas grand : c’est 7 acres. Mais c’est un assez grand champ qui servait à l’époque de pâturage.
Si on a décidé d’acheter une terre, c’est aussi parce que j’étais convaincue que, pour élever des enfants, c’était le meilleur endroit. Le but premier de l’achat de la terre c’était pour mettre en pratique mes connaissances, mais c’était aussi pour y élever une famille.
J’avais un emploi au ministère de l’Agriculture lorsque j’ai commencé. Je me disais que ça allait être facile de jumeler mon emploi à la production de fraises. Que j’arriverais à tout faire!
Est-ce que ça a été le cas? Est-ce que ça a toujours été facile de jumeler la production de fraises à ton emploi?
Lorsque j’ai eu mon premier enfant et après mûre réflexion, j’ai décidé de laisser tomber mon emploi. Je me suis consacrée à l’éducation de mes enfants et à ma production de fraises. Il a fallu choisir les défis.
Mais, je gardais quand même un pied dans le métier. Je donnais des cours aux agriculteurs pendant l’hiver et je travaillais pour l’Ordre des agronomes comme représentante de l’Ordre auprès des étudiants de la faculté d’agriculture de l’Université Laval. Mais, ma priorité c’était la production de fraises et ça continue de l’être!
Quand tu as commencé, en tant que femme, voyais-tu des défis différents que ceux connus par tes collègues masculins?
Je n’ai jamais senti de résistance de la part de mes interlocuteurs, autant de la part des fournisseurs, des conseillers agricoles ou des autres producteurs agricoles. Ça a toujours été naturel ma relation avec le monde agricole. Je n’ai jamais eu besoin de revendiquer ou de me battre pour faire ma place. Peut-être que certaines femmes diront que c’est difficile à croire, mais c’est comme ça que je l’ai vécu!
Cela dit, je suis toujours fière de voir des femmes qui décident de se lancer en affaires, que ce soit en agriculture ou dans tout autre domaine.
J’en comprends que tu as tout de suite senti que l’agriculture était ta place.
Oui! Et ça m’a aussi menée à m’engager dans l’UPA depuis 1981 et dans mon syndicat local. J’ai commencé comme secrétaire-trésorière et puis je suis devenue administratrice. Ça a toujours été important pour moi de m’impliquer à l’UPA. Je ne reste pas les bras croisés et je suis assez active!
Quand il y a eu les portes ouvertes sur les fermes du Québec organisées par l’UPA, je me suis beaucoup impliquée. J’ai aidé à monter les kiosques et les événements. Aussi, j’ai fait plusieurs présentations dans les écoles pour parler du domaine agricole. C’était quelque chose que j’aimais faire!
Roseline, qu’est-ce que te plait le plus du métier d’agricultrice?
Je dirais que c’est de relever des défis à chaque année. Il y a autant des défis qui reviennent que de nouveaux. J’apprends toujours. Ce qui me plait, c’est aussi l’autonomie du travail, prendre des décisions qui visent l’amélioration et la réussite de mon entreprise. J’aime produire un produit agricole qui est beau, de qualité, délicieux et apprécié des gens.
La fraise a une belle notoriété!
La fraise est attendue chaque année. Nourrir les gens constitue un travail noble et j’en suis fière. C’est important pour moi. J’aime aussi le travail au grand air avec la nature. Bref, la production de fraises est une source d’accomplissement.
Quel est le plus grand défi auquel tu as eu à faire face dans ta carrière?
Oh! Je dirais que c’est d’affronter le climat et la mise en marché de la fraise, qui n’est jamais assurée d’avance.
Au niveau du climat, c’est aussi tout un défi. Comme je dis toujours, à partir du mois d’avril, je suis une accro de la météo! Ce défi s’est accentué avec les changements climatiques.
As-tu eu à adapter certaines de tes pratiques face à ces défis environnementaux?
Pour la protection de l’environnement, ça fait longtemps que je travaille là-dessus. Je suis membre du club Écolo-Max depuis sa fondation, il y a plus que 30 ans.
On essaie toujours de réduire notre impact avec les pesticides, pour la conservation des sols, pour la protection de l’eau.
Quelle est la place de ta famille dans ton entreprise?
Nous avons 4 enfants et ils sont tous intéressés par l’agriculture. Ils ont tous travaillé sur la ferme durant leur enfance et leur adolescence jusqu’à ce qu’ils entrent à l’université. Aujourd’hui, certains sont agronomes et d’autres sont ingénieurs en environnement. Ils ont été mes employés ou plutôt … mes bras droits!
Ils ont travaillé dans l’entreprise jusqu’à leurs 20 ans. Maintenant, ils reviennent contribuer assez souvent. Depuis 5 ans, c’est merveilleux, nos petits-enfants sont nos employés! J’ai de la chance : nous sommes une entreprise véritablement familiale.
Quels sont tes défis pour l’avenir?
L’avenir n’est pas encore déterminé. On continue la production, mais je ne sais pas si nous aurons une relève.
Cela dit, les gens sont invités l’été prochain à venir nous retrouver à la ferme que ce soit au kiosque ou à l’autocueillette !
Dès le mois de juin, visitez Roseline Drolet à sa ferme. Vous serez chaleureusement accueillis par cette femme brillante et attachante! On rêve déjà à la saison des fraises du Québec.
Joignez-vous à la grande famille Les Fraîches du Québec !
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